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Interview sur l’importance de la pédagogie

La pédagogie : Découvrez l'interview de Madame Charayron auteure du livre « Reconnaître et accompagner les élèves à haut potentiel »

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Une interview avec Madame Virginie Charayron, professeure des écoles et titulaire du diplôme universitaire « Neuropsychologie Éducation et Pédagogie », a été réalisée afin que nous puissions échanger sur l’importance de la pédagogie dans le monde de l’enseignement et de la formation professionnelle.

Cette dernière nous livre une interview riche en idées, à l’image de son livre Reconnaître et accompagner les élèves à haut potentiel, ESF Sciences humaines, sorti le 12/09/2019 et qui traite de la problématique des élèves à haut potentiel.

Interview que nous vous invitons à lire pour en savoir un peu plus sur la place qu’occupe la pédagogie dans l’enseignement.

Quelles sont les différences entre les pédagogies classiques et les pédagogies alternatives ?

Réponse de Madame Charayron :

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« La pédagogie classique, communément appelée la pédagogie traditionnelle est celle où nous retrouvons l’enseignant ou le formateur face à un groupe d’élèves assis qui le regardent et l’écoutent. L’enseignant prononce un discours et les élèves prennent des notes. Il n’y a donc pas de liberté de mouvement.

D’un autre côté, les pédagogies alternatives sont celles qui vont différer de la pédagogie classique. Nous pouvons citer les méthodes Freinet ou Montessori qui sont celles que nous retrouvons à l’école primaire et dans certaines écoles du second degré. Ces pédagogies laissent une grande place à l’autonomie des apprenants, ces derniers ont une liberté de mouvement et bénéficient d’une plus grande flexibilité. Ainsi, le formateur ou l’enseignant agit plutôt en facilitateur et va adapter le cours aux différents rythmes d’apprentissage des apprenants.

La différence majeure qui existe entre la pédagogie classique et les pédagogies alternatives réside dans la place de l’apprenant. Dans la pédagogie classique qui prône un cours théorique, l’apprenant subit son apprentissage et sera passif tandis que dans les pédagogies alternatives qui elles prônent un cours pratique, l’apprenant est acteur de son apprentissage et sera plus actif. »

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Qu’est-ce que la pédagogie active ?

« La pédagogie active regroupe toutes les méthodes qui vont rendre l’apprenant maître et acteur de ses apprentissages. Elle propose et préfère des situations de recherche et d’investigation qui vont rendre l’apprenant autonome.

Dans cette optique, le passage par le jeu est un élément clé car il comporte des défis, des énigmes qui vont être proposés au groupe et qui peuvent être résolus à plusieurs. L’esprit d’équipe et l’intelligence collective fondent la pierre angulaire de cette pédagogie car le rôle de l’enseignant sera celui du facilitateur et du guide en apportant ressources et matériels. La pédagogie active est celle qui permet d’apprendre par l’expérience. »

Pensez-vous que la pédagogie active soit la méthode la plus efficace en formation ?

« Pour que cette pédagogie active fonctionne, il est primordial que tous les acteurs la connaissent et comprennent bien son fonctionnement. Les adultes en formation doivent être avertis sur la démarche particulière qu’implique cette pédagogie. Il y a des prérequis qui sont importants pour que tous puissent s’investir car aujourd’hui encore, nous sommes habitués à des cours magistraux qui nous rendent passifs lors de l’apprentissage.

De ce fait, pour qu’une formation soit la plus efficace possible, elle doit reposer sur une pédagogie hybride qui mêlerait la pédagogie traditionnelle et la pédagogie active. Le cours magistral peut servir pour expliquer des notions complexes et les pédagogies alternatives qui sont là pour faire pratiquer l’apprenant. Il est important de trouver le juste milieu entre l’écoute et la pratique. »

Comment mettre en place une pédagogie active ?

« Il faut, avant tout, être capable de transformer les contenus didactiques en question de recherche et en hypothèses. Ce sera le travail du formateur qui doit donc lui-même être formé aux pédagogies actives parce qu’en transformant ces contenus en questions, le formateur pourra donner de la matière à chercher aux apprenants. Il faut ensuite proposer des tâches différentes qui vont faire varier, d’un côté, les supports et d’un autre, les compétences.

Il faudra aussi préférer la collaboration et le travail en groupe pour encourager l’esprit d’équipe. Le faire ensemble doit être en parallèle du vivre ensemble. De plus, il faut proposer des alternatives au cours présentiel ou au cours magistral comme le e-learning notamment. Il faut aussi tirer profit du numérique, créer des outils de partage comme Padlet ou autres outils Google qui se trouvent de plus en plus dans les formations.

Finalement, il faut miser sur la co-évaluation, c’est-à-dire qu’on n’est plus dans une évaluation maître-apprenant mais plutôt dans une évaluation où les apprenants sont acteurs de leur apprentissage en étant capables de savoir ce qu’ils vont évaluer. »

Pouvez-vous donner 5 raisons d’opter pour ce type de pédagogie ?

« Premièrement, comme cette pédagogie reconnaît l’adulte en formation comme étant acteur de ses apprentissages, celui-ci apprend en faisant.

Cette pédagogie permet de garder le plaisir d’apprendre grâce aux diverses situations qui vont être proposées à l’apprenant. Ce dernier n’est pas plongé dans une routine mais bénéficie plutôt d’une dynamique d’apprentissage.  

La pédagogie active permet l’engagement, l’investissement et la motivation parce que les adultes vont vivre leur apprentissage grâce aux différents choix qui vont leur être proposés.

Puis, elle permet une valorisation du travail en groupe, une prédominance de la collaboration entre tous les membres du groupe. Donc, les apprenants vont être dans une mini démocratie, travaillant tous ensemble pour avancer vers le même but.

Cette pédagogie va apporter de la confiance à tout le monde, garantir la reconnaissance de chacun et établir une égalité entre tous puisque chacun va avoir son mot à dire à chaque fois, dans chaque formation proposée. »

Quelles sont les clés de la réussite pour l’intégration d’une pédagogie active en formation ?

« Les formateurs vont devoir être bien formés sur ce qu’est une pédagogie active et doivent être patients lors de la mise en place de ces nouvelles méthodes. Le maître mot du formateur est la confiance, se faire confiance et faire confiance aux apprenants qui seront acteurs de leur apprentissage.

Il faut aussi garder en tête qu’il ne faut pas se mettre devant en tant que formateur comme c’est le cas dans les pédagogies traditionnelles, mais bien à côté pour guider les apprenants. Le formateur doit être un « ami critique » qui guide les apprenants vers l’autonomie. Il est donc primordial qu’il crée des situations de recherche, des défis, des propositions qui vont permettre aux apprenants d’apprendre par eux-mêmes.

C’est en fonction des différents rythmes d’apprentissage que le formateur pourra adapter et instaurer sa propre pédagogie active et rendre la formation dynamique.

En bref, l’autonomie, les différents choix, la confiance, les changements de rythme et la variété des situations d’apprentissage sont autant de clés pour réussir en pédagogie active. »

Pensez-vous que la méthode Montessori pourrait aussi être adaptée aux adultes ?

« La pédagogie Montessori est orientée vers les enfants, vers leur ressenti car celle-ci fait appel aux sens, notamment au toucher mais quelques-uns de ses grands principes sont conservés dans la pédagogie pour adultes.

En effet, la place de l’apprenant se situe au cœur de son apprentissage, en agissant et en faisant tout au long de l’apprentissage. Il va falloir conduire à la métacognition, c’est-à-dire qui consiste à se questionner. Donc, le formateur agit en guide et a pour objectif de développer l’autonomie de l’apprenant, ce qui est le principe essentiel de la méthode Montessori.

Il n’y aura toutefois pas d’atelier sensitif comme proposé aux enfants mais plutôt des situations d’apprentissage comme les jeux de rôles, les résolutions d’énigmes, les validations d’hypothèses, etc. En formation, nous pouvons nous inspirer de la méthode Montessori pour motiver et rendre actifs les adultes.

Il faut de ce fait que le formateur varie les outils, propose des sites de partage, propose un e learning ou des vidéos où les apprenants vont pouvoir poser des questions et faire des propositions, etc. Il peut aussi proposer des cartes mentales comme le mindmapping ou le sketchnoting qui vont raviver la motivation des adultes qui vont trouver un panel de situations.

Les adultes doivent trouver les outils qui leur plaisent car chaque adulte est différent. Ici, l’accompagnement du formateur est d’une haute importance dans la différenciation qu’il va être capable de proposer aux adultes. La variation des situations et le choix des outils sont des leviers permettant la simulation de savoir, prônant la motivation, car pour permettre la transférabilité des savoirs appris en formation dans sa vie active, chacun des adultes doit savoir ce qui lui servira le plus dans son travail. »  

En quoi les neurosciences ont révolutionné le monde de la formation ?

« Grâce aux neurosciences, nous savons désormais que les apprentissages vont se faire notamment avec le maintien attentionnel, la motivation et la mémorisation. Les neurosciences nous font connaître le fonctionnement cérébral, ce qui permet donc aux formateurs d’ajuster les méthodes et les stratégies d’apprentissage. L’attention fait partie des fonctions exécutives et en formation, c’est celle qui peut faire le plus défaut si celle-ci ne propose pas de situations suffisamment motivantes et riches aux adultes apprenants. Par exemple, le fait de savoir que multiplier les pauses permet un retour à l’attention soutenue oriente désormais les formateurs vers l’élaboration de rythme et de rupture dans leurs séquences de formation.

En outre, le formateur prendra en compte l’aménagement de son lieu de formation en variant les dispositions et en mettant en place les outils adaptés. C’est grâce aux neurosciences qu’aujourd’hui nous savons qu’il faut faire de petites pauses pendant de longues sessions de formation pour un meilleur ancrage mémoriel. »

Peut-on s’appuyer sur les neurosciences affectives pour optimiser les formations ?

« Les neurosciences ont confirmé l’importance des sensations et de l’affectif dans les apprentissages et dans la pédagogie. Grâce aux neurosciences affectives, nous comprenons que la mémoire travaille mieux avec les émotions, surtout quand nous faisons appel aux sens. Le côté affectif va être optimisé par des situations de recherches collaboratives qui englobent différentes personnalités et donc différentes sensibilités.

En effet, nous utilisons toujours l’existant pour innover et les affects des uns vont se mêler aux affects des autres pour faire émerger une situation nouvelle. Ainsi, proposer des situations au plus près des affects des apprenants, va permettre à chacun de s’approprier et de s’investir.

C’est le travail du formateur d’écouter, de connaître et de reconnaître chacun de ces adultes apprenants puisque la connaissance de l’histoire de chacun va forcément offrir une entrée vers les sensibilités personnelles pour une démarche humaine. Une formation réussie est une formation où chacun apporte quelque chose, le formateur d’un côté et les apprenants de l’autre. Il paraît donc judicieux de s’appuyer sur des neurosciences affectives pour motiver les adultes en formation. »

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